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Approches biomécanique, posturale, musculaire.
Résumé
L’instabilité chronique de cheville se caractérise par une répétition d’entorses de cheville qui est la pathologie la plus fréquente chez le sportif. Il est important d’en faire le diagnostic, de comprendre son origine et de déterminer les facteurs aggravants afin de proposer le traitement le plus adéquat. Le podologue est un maillon de la chaîne pluridisciplinaire dans la prise en charge de l’instabilité de cheville, grâce notamment à la mise en place de semelles spécifiques, déterminées par un examen personnalisé et approfondi.
Sommaire
I. Facteurs de risques extrinsèques d’une entorse de cheville
A. Le type de pratique sportive
B. Le type de chaussage
C. L’usure des chaussures portées
D. L’étroitesse du chaussant
E. La surface de terrain de jeu
F. Luminosité et conditions météorologiques lors de la pratique sportive
II. Facteurs de risques intrinsèques d’une entorse de cheville
A. Instabilité d’origine mécanique
B. Instabilité fonctionnelle (déficit postural, de proprioception, instabilité fonctionnelle musculaire)
III. Traitement par orthèses plantaires d’une instabilité de cheville chez le sportif
A. Traitement biomécanique
B. Médiation posturale
C. Stimulation musculaire
D. Traitement des Épines Irritatives d’Appui Plantaire Inconscient (EIAPI)
IV. Conclusion
V. Bibliographie
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La cheville, aussi appelée articulation talo-crurale, met trois os en relation, le tibia, la fibula (péroné) et le talus (astragale). Les différents mouvements rendus possible sont la flexion, l’extension, l’abduction, la supination, ainsi que les mouvements combinés comme l’évection et l’inversion (suivant l’axe de Henke) figure 1 et 2.
Figure 1 : AXE DE HENKE vue transversale
Figure 2 : AXE DE HENKE vue sagittale
L’instabilité de cheville est la complication la plus fréquente des entorses de cheville (de 20 à 40%). Elle se caractérise par des épisodes d’instabilité qui ne sont pas véritablement traumatiques. Elle donne une sensation d’insécurité à la course ou à la marche sur terrain accidenté, une appréhension du sportif qui « pense » à sa cheville lors de la pratique du sport. L’instabilité de cheville peut également être associée à des douleurs ou blocages de la cheville, considérés comme des séquelles d’entorses.
L'entorse de cheville représente pratiquement un quart des traumatismes sportifs (1) et le risque de récidive a été estimé à 30% en moyenne, atteignant parfois jusqu’à 70% dans certaines populations, notamment les basketteurs (Soboroff SH, Pappius EM, Komaroff AL).
I. Les facteurs de risque extrinsèques d’une entorse de cheville
A. Suivant le sport pratiqué, le risque d’entorse de cheville est plus ou moins élevé
Sports avec déplacements verticaux, sports collectifs d’extension : tous les sports qui nécessitent d'atteindre une hauteur maximale pour assurer le contrôle du ballon.
- En général le traumatisme de la cheville se produit lors de la réception du saut, le plus souvent par un obstacle sous le pied lors de la réception. Au basket, les entorses de chevilles représentent 53% des traumatismes (2) et le risque de récidive peut atteindre 70%.
Sports avec conduite de balle ou d’un ballon : sports associant des déplacements rectilignes, latéraux, rotatoires.
- Le risque d’entorse survient le plus souvent lors de changements brusques de direction, à la suite d’un tacle, à la réception sur le pied de l’adversaire. Au football (3) les blessures sont 9 fois plus fréquentes en cours de match du fait de l’augmentation de l'intensité sportive et du nombre de collisions entre joueurs. Les blessures sont deux fois plus fréquentes au moment de la reprise de compétition après la trêve hivernale.
B. Le chaussage inadapté augmente le risque d’entorse
Chaussures trop molles : lorsque les chaussures sont trop molles, le système sensoriel est peu stimulé et finit par “s’atrophier” (4), la mousse modifie les afférences cutanées plantaires et augmente de ce fait l’instabilité posturale (WEBER B, NOUHET B, VILLENEUVE-PARPAY S 2000).
Chaussures inadaptées au terrain :Il est indispensable que la chaussure de sport soit adaptée au terrain, par exemple, une paire de running doit être utilisée pour la course à pied qui est un sport en ligne ne peut être utilisée pour un sport à déplacement latéraux et ne peut être utilisée pour le trail qui nécessite une semelle crantée pour s’accrocher au terrain accidenté et glissant.
C. Chaussures usées
Une chaussure usée ou déformée peu modifie considérablement un bon appui plantaire (figure 3) et favoriser une entorse de cheville.
Figure 3 : Chaussure usagée augmente un trouble mécanique préexistant
D. Chaussures trop étroites
Une chaussure très étroite comme un crampon de football a une largeur de semelle beaucoup plus étroite que le pied notamment au niveau de la stiloïde du cinquième métatarsien en externe et du scaphoïde et premier cunéiforme en interne (figure 4) ce qui par le manque de maintien du médio pied favoriser une instabilité du pied.
Figure 4 : Image radio du pied avec port de crampon
E. Certaines surfaces de jeu augmentent le risque d’entorse de cheville
- Les terrains glissants et terrains humides
- Les terrains accidentés, caillouteux, de mauvaise qualité ou bien abîmés
- Les terrains dénivelés
F. Une mauvaise luminosité ainsi que de mauvaises conditions météorologiques sont également facteur de risque
- Une mauvaise luminosité
Le système visuel participe à l’équilibre postural statique et dynamique d’un individu (développé chapitre II/B), une mauvaise luminosité modifie l’acuité visuelle, modifie la précision du relief et raccourcie la vision de Loin ce qui donne un appui du pied au sol moins précis
- Les conditions météorologiques
Le vent, la pluie, les précipitations, le brouillard sont des contraintes extérieures au maintien de l’équilibre (positionnement du centre de gravité) et sont autant de facteurs aggravant une mauvaise stabilité de la cheville.
II. Les facteurs de risque intrinsèques d’une entorse de cheville
Une instabilité chronique de cheville peut avoir plusieurs causes elle peut être d’origine mécanique ou fonctionnelle.
A. Instabilité d’Origine mécanique
Dans les origines mécaniques d’une instabilité chronique de cheville, l’étymologie peut être osseuse avec une déformation du dôme talaire, plus large, et une couverture talaire diminuée (objectivés par un bilan radiologique). D’une part, l’origine peut être ligamentaire, traumatique avec une distension ou une rupture ligamentaire. D’autre part, elle peut être biologique avec une hyper laxité constitutionnelle. Enfin, elle peut être d’origine articulaire avec une limitation de la dorsiflexion de la cheville (objectivés par une recherche d’amplitudes articulaire) ; il convient de bien faire la distinction entre une limitation purement articulaire et une limitation liée à un rétraction du triceps sural (6), signe de Silfverskiöld.
B. Instabilité fonctionnelle
L’origine d’une instabilité chronique de cheville fonctionnelle peut être liée à un déficit postural, à un déficit de proprioception (élément du contrôle posturale), à la présence d’une épine irritative d’appui plantaire inconsciente(origine non démontrée à ce jour), elle peut être d’origine musculaire avec une instabilité liée à un déficit musculaire (éversion/inversion), et pour finir en relation avec le morphotype cheville/pied.
Le déficit postural : l ’instabilité chronique de cheville peut être une cause ou une conséquence. En effet, un trouble postural descendant donne une sensation d’instabilité qui peut être la cause d'une entorse de cheville, alors qu’une instabilité de cheville peut générer des troubles posturaux ascendants avec souvent une détérioration du contrôle postural (Sefton et al 2009 ). Toute anomalie posturale va entrainer une compensation des chevilles en varus ou valgus pour maintenir l'horizontalité du regard et s'adapter au sol.
La posture : le contrôle postural a deux objectifs, le maintien de l’équilibre en position orthostatique et lors du mouvement (Horak, 2006).
- L’équilibre de la position orthostatique représentée schématiquement par le modèle mécanique du pendule inversé (Loram, Kelly, Laky, 2001) est géré par le système postural fin. Le corps oscille autour d’un point fixe , la cheville. L’oscillation est un mouvement de faible amplitude (de 0 à 4°).
- En revanche, lors du mouvement, le centre de gravité est projeté en dehors du polygone de sustentation, ce qui produit une perte d’équilibre. L’ajustement postural va permettre la récupération de l’équilibre (contrôle sensori-moteur ) grâce à l’ajustement postural anticipé, déclenché avant l’exécution du mouvement pour se préparer au déséquilibre, puis la compensation qui intervient a posteriori dès que la perturbation liée au déséquilibre est perçue(Bouissetet al., 2000; Massion, 1992; Mouchnino et al., 1992a, 1992b) figure 5.
Figure 5 : Contrôle sensori-moteur lors d'un mouvement volontaire
La régulation des activités posturo-cinétiques (7) est un système composé d'organes sensoriels, les capteurs pour recevoir les informations, de faisceaux nerveux qui permettent la transmission, du système nerveux central pour le traitement des informations et pour finir d'effecteurs, les musculaires, pour le maintien de l'équilibre et la préparation au mouvement.
Les entrées du système, ou capteurs sensoriels, permettent de recueillir des informations soit venant du monde extérieur, les exocapteurs, soit venant du corps lui-même, les endocapteurs. Les exocapteurs sont l’œil (cônes et les bâtonnets de la rétine), l’oreille interne et la peau(principalement la peau des pieds). Les endocapteurs ou propriocepteurs (entrée intrinsèque) sont les muscles, les tendons, les articulations, les muscles oculomoteurs et la mandibule (figure 6).
Figure 6 : Entrées posturales et ajustement postural
L’évaluation de la posture et des entrées posturales est un travail pluridisciplinaire dont les acteurs sont :
- Le podologue, afin de réaliser des semelles pour rééquilibrer la posture
- Le kinésithérapeute et/ou l’ostéopathe pour aider à rendre le patient fonctionnel et réaliser une rééducation proprioceptive, posturale et du système vestibulaire
- Le dentiste et/ou l’orthodontiste, pour le rééquilibre de l’occlusion et de l’articulation temporo mandibulaire, par le biais de gouttières et autres techniques
- L’ophtalmologue, pour l’étude de l’acuité visuelle et de la mobilité intrinsèque de l’œil, ainsi que pour l’adaptation de prismes
- L’orthoptiste, pour réaliser une rééducation oculaire
Toujours dans l’étude du déficit postural, nous devons nous intéresser aux épines irritatives d’appui plantaire inconscientes (EIAPI). Les EIAPI sont des zones du pied, qui une fois en contact avec le sol, entraînent un réflexe de défense qui modifie le positionnement podal et postural. C’est une pathologie cutanée neurosensorielle, qui modifie le message sensoriel plantaire et affecte les boucles de régulations posturales du tonus musculaire (WEBER B, NOUHET B, VILLENEUVE-PARPAY S 2000).
Déficit de proprioception : la proprioception permet la connaissance des parties du corps, de leur position et de leur mouvement dans l’espace, sans que l’individu ait besoin de les vérifier avec les yeux (Blouin M 1995). Lorsqu’il y a une entorse de cheville, la proprioception est altérée par l’étirement du système capsulo-ligamentaire qui va détériorer les mécanorécepteurs.
Il est possible de valoriser la proprioception d’un patient grâce à différents tests. Tout d’abord, le test d'équilibre et de proprioception qui consiste à mettre le patient en position unipodale avec les yeux fermés. Le patient a trois essais, le niveau d'équilibre optimal est atteint à partir de 31 secondes pour un homme âgé de 20 à 29 ans. Nous avons ensuite le Star Excursion Balance Test (SEBT), un test de contrôle postural dynamique qui permet le diagnostic des déficits fonctionnels du membre inférieur (Gribble et al. 2012). Il sera demandé au patient de se tenir en équilibre unipodal, avec les mains sur les hanches , et d’atteindre avec le membre inférieur controlatéral la plus grande distance dans trois directions(version simplifiée) ou huit directions (test complet) figure 7.
Figure 7 : Star Excursion Balance Test (SEBT), les images bleues étant la version simplifiée
Il est important de signaler qu’une entorse de cheville survient en seulement 30 ms, alors que la mise en œuvre de la boucle de rétroaction qui permet d'activer les fibulaires nécessite 60 à 70 ms (8). La réaction des fibulaires arrive environ 150 ms après la déstabilisation (Konradsen), ce qui implique deux stratégies de protection de la cheville en cas de déstabilisation soudaine. Premièrement, la pro-activation des fibulaires (activation avant la pose du pied au sol) représente la principale stratégie neuromusculaire de protection de la cheville par le FEEDFORWARD, ensuite la stratégie de délestage pour éviter le traumatisme (Konradsen en 2002, Santos et Liu en 2008, et Julia en 2012). Pour cela, nous pouvons utiliser des orthèses plantaires afin d’intensifier le travail des muscles fibulaires pour favoriser le verrouillage de la cheville lors de l’impact au sol. Il existe aussi un système très intéressant, appelé concept Myolux, qui permet une reprogrammation musculaire dynamique pour la protection articulaire de la cheville, en favorisant la pro-activation des fibulaires (8) et en développant les stratégies de délestage (9) (10).
- Instabilité fonctionnelle musculaire
La qualité du système musculaire de la cheville est essentielle pour en assurer une protection efficace. Dans le cas d’une instabilité de cheville, on constate un retard de réponse musculaire des éverseurs (fibulaires) par rapport aux muscles inverseurs (11). Pour valider la faiblesse des éverseurs de la cheville (test de faiblesse), on va utiliser le dispositif Myolux™ Medik II, CEVRES Santé figure 8).
Figure 8 : Le dispositif Myolux™ Medik II, CEVRES Santé
- Instabilité fonctionnelle liée au morphotype du pied
- Pied creux varus
Le varus de l'arrière-pied entraîne un appui excessif sur le bord latéral du pied et une tension excessive des tendons fibulaires, avec soit une perte du réflexe d'étirement, soit au contraire une contracture des fibulaires (12).Le pied varus peut être associé à une inégalité de longueur des membres inférieurs, à un genou varum, à un avant-pied pronateur ou même associé à une verticalité du premier rayon avec une pose du pied sur le 1er rayon trop abaissé(13). Il peut générer un mouvement de supination dynamique instable ; la supination peut être une réaction antalgique à une épine irritative de la première ou de la deuxième tête métatarsienne, consciente ou inconsciente. Il peut exister un déséquilibre musculaire entre les muscles pronateurs et supinateurs, avec un excès de tonicité des muscles éverseurs et un manque de tonicité des muscles inverseurs (étude des chaines musculaires).
- Pied valgus
Il est démontré qu’un pied valgus génère une perturbation des afférences somesthésiques (Richie 2007, Holmes et Delahunt 2009). La somesthésie regroupe la proprioception, les sensations cutanées tactiles, thermiques et nociceptives. La peau participe à rendre compte des déformations corporelles et du rapport entre le corps et l’environnement. La proprioception, quant à elle, regroupe les sensibilités provenant des muscles, des tendons et des articulations. Toutes ces informations, prises en compte dans des boucles de rétroaction destinées à corriger les éventuels écarts du corps par rapport à une position de référence, sont perturbées par le pied valgus.Lorsque le pied est valgus dans le cas d’une instabilité chronique de cheville, on observe fréquemment une éversion de l'arrière pied, durant la phase d'appui, et une inversion importante du 1er rayon durant la phase de propulsion (De Ridder et al ). Nous constatons alors deux conséquences : l’augmentation des contraintes au niveau du premier rayon et la création dans certain cas d’une épine irritative d’appui plantaire, consciente ou inconsciente EIAPI (Arangio et al 2007 Sanchez-Rodriguez et al 2012), à l’origine d’un réflexe de défense du pied pouvant entraîner une entorse sur une cheville instable.
- Pied creux varus
III. Traitement par orthèses plantaires d’une instabilité de la cheville chez le sportif
Le traitement par orthèses plantaires à plusieurs objectifs. Tout d’abord, l’intention du traitement est d’améliorer la mécanique du pied, ce qui peut se faire avec des semelles thermoformées et des éléments de correction. Dans un deuxième temps, le traitement vise à améliorer la posture du patient ainsi que le « réglage » des chaines musculaires. Les éléments correspondants se placent sur le moulage, cette association de corrections orthopédiques et de stimulations posturales a été démontrée possible et efficace par Mont Heard en1998, Capelle et Tourkia en 2000 (avis) et par Marc Janin en 2013. On parlera dans ce cas de semelles sensori-motrices.
A. Traitement biomécanique
L’étude de la biomécanique du pied est réalisée en statique et en dynamique pour évaluer les dysfonctions telles que la pronation ou la supination. On pourra réaliser un examen sur tapis de marche électronique avec support vidéo, un examen podomètrique chaussé ou déchaussé, on pourra aussi réaliser une étude de la course, du geste sportif et du saut pour déterminer l’impact du pied au sol avec des capteurs embarqués ( figure 9).
Figure 9 : Analyse d'un saut avec capteurs embarqués "système winshoe medicapteurs"
Il y a plusieurs objectifs au traitement biomécanique :
- Stabiliser l’arrière-pied dans une position neutre( figure 10) lors de l’attaque du pied au sol afin de limiter sa vulnérabilité à un traumatisme en inversion (14). Lorsque l'arrière-pied est en position neutre, il y a un équilibre des forces de l’arrière pied grâce aux muscles supinateurs et pronateurs du pied, ainsi qu’une limitation des contraintes excessives sur les ligaments de l'articulation de la cheville (15).
Figure 10 : Semelle gauche avec arrière pied en position neutre
- Corriger les désaxassions de l'arrière-pied (à condition que la détaxation soit réductible et que le pied soit mobile) et toutes les dysfonctions tant au niveau du médio pied qu'au niveau de l'avant-pied
Il faut distinguer le traitement biomécanique du pied varus et du pied valgus
- Dans le cas du pied varus, la littérature a démontré l’efficacité des semelles avec une bande pronatrice sur la longueur totale de la semelle (Sobel et al), un soutien de la voûte plantaire (Sobel et al) et/ou une barre rétro capitale ( figure 12). Il est également intéressant d’évider la semelle au niveau de la première tête métatarsienne dans le cas d’une verticalité du premier rayon (16) figure 11.
Figure 11 : Verticalité du premier rayon
Figure 12 : Deux exemples de semelles pour pied varus
Semelle à gauche 3D avec alvéoles serrées de l’arche externe pour rigidifier la semelle à ce niveau, voute plantaire plus souple mais présente et évidement sous la première tête métatarsienne.
Semelle à droite thermoformée avec élément latéral externe EVA 6MM 45 SHORE, voute mousse souple et barre rétro-capitale EVA 4MM 35 SHORE évidée sous la première tête métatarsienne avec remplissage mousse 20 shore.
- Dans le cas d’un pied valgus, la comparaison de différentes semelles (semelles supinatrices, thermoformage simple, thermoformage avec élément supinateur) réalisée par Mündermann et al 2003 + Stacoff et al 2007 a démontré une meilleure efficacité des semelles thermoformées(avec éléments de correction) dans le traitement du pied valgus. Dans le cas d’une instabilité de cheville, il semble judicieux de maintenir le pied en position neutre, avec un soutien de l’arche interne pour lutter contre la pronation et un soutien de l’arche externe pour éviter l’éversion réactive du pied (figure 13).
Figure 13 : Deux exemples de semelles pour pied valgus
Semelle de gauche 3D avec alvéoles serrées sur l’arche interne, maintien de l’arche externe et élément sous capital cinquième tête métatarsienne pour stimuler le court fibulaire (développé chapitre III/C).
Semelle de droite thermoformée avec stabilisation arche interne et externe mousse latex 35 SHORE, barre rétro-capitale EVA 35 shore et matériaux amortissant au talon.
B. La médiation posturale
Les éléments utilisés dans la modification de la posture (dans les trois plans de l’espace) sont des éléments durs, entre 1 et 3 mm d’épaisseur, qui ont pour but de stimuler de manière sélective les mécanorécepteurs de la sole plantaire par augmentation de pression (Bourdiol 1980, Bensussan et Nicolas 1983, Hayda et al 1994, Burgess et al 1996, Janin 2002, Janin2003, Janin et Toussaint 2005, Janin et Dupui 2009, Janin 2013, Stacoff et al 2007).
C. Stimulation musculaire
Comme il a été démontré précédemment, dans le cas d’une instabilité de cheville, on constate un retard de réponse musculaire des éverseurs. Il est donc intéressant d’anticiper l’activation des muscles fibulaires afin de verrouiller la cheville au moment de son impact au sol, pour limiter le risque d’entorse.
Inglis et Kennedy ont mis en place une topographie de la répartition des mécanorécepteurs cutanés au niveau de la sole plantaire, Fallon et collaborateurs ont établi en 2005 une corrélation entre la topographie des mécanorécepteurs et les muscles concernés(figure 14). Cela a été démontré en stimulant certaines zones de la plante des pieds avec l’activité musculaire, contrôlée par électromyogramme. En ce qui concerne les muscles fibulaires, la zone correspondante est en relation avec le cinquième métatarsien. Les éléments utilisés pour ces stimulations seront entre 2 et 3 millimètres d’épaisseur, en matériaux dur dans le but de « stimuler » et en matériaux mous pour « inhiber » les capteurs, la mousse jouant le rôle d’une anesthésie locale(16).
Figure 14 : Topographie et localisation des différentes unités sensorielles et distribution des mécanorécepteurs dans la sole plantaire selon KENNEDY ET INGLIS 2002
D. Traitement des Epines Irritatives Appui Plantaire Inconscient (EIAPI)
Pour traiter une EIAPI, on peut utiliser un élément de décharge en arrière de la zone anatomique concernée, positionner une mousse sous la zone concernée (la mousse modifie les afférences cutanées plantaires du même ordre qu’une anesthésie locale (16), ou encore additionner la mousse ainsi que l’élément de décharge.
Il a été montré que chez des footballeurs avec instabilité de cheville et antécédents d’entorses, l’élément Antéro-Interne (sous diaphysaire) apporte les meilleurs résultats (Leblanc et Villeneuve 2005).
De même, les semelles comprenant de la mousse sous l’avant pied chez des sujets avec avant-pied en supination ont amélioré le contrôle postural après 6 semaines (Cobb et al 2006).
Dans les deux cas, on suppose un déparasitage de l’EIAPI (Janin 2002).
IV. Conclusion
Pour éviter une récidive d’entorse de cheville, il est important de bien prendre en charge une instabilité chronique de cheville, d’en faire le diagnostic et d’apporter enfin au patient un traitement adéquat.
Le podologue pourra apporter plusieurs éléments de réponse face à cette situation, il pourra ainsi :
- adapter des orthèses plantaires définies en fonction de l’examen clinique
- appliquer un taping de cheville reconnu pour diminuer le risque de traumatisme de cheville chez les joueurs avec antécédents( 17 )
- conseiller au patient des chaussures adaptées avec un compromis entre amortissement et stabilité
- demander au sportif de respecter un temps suffisant d’échauffement
- recommander une prise en charge par le kinésithérapeute, pour une reprogrammation neuromusculaire et un bon renforcement musculaire. Pour un traitement optimal, il pourra faire usage du concept Myolux pour une reprogrammation musculaire dynamique de la cheville, en favorisant la pro-activation des fibulaires et en développant les stratégies de délestage.
Figure 15 : Exercices de réeducation d'une instabilité de cheville avec renforcement musculaire des muscles long et court fibulaire avec le dispositif Myolux™ Medik II, CEVRES Santé
V. Bibliographie
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